Vincent Merkle
Vincent Merkle, jeune homme de 18 ans, étudiant au Collège St-Michel à Fribourg, rentre chez lui en voiture, en cette fin d'après midi du 17 avril 1978. Il avait passé quelques heures en ville, avec ses camarades, pour réviser ses cours.
C'est en arrivant près de Morat qu'eut lieu ce terrible accident qui lui ôta la vie, juste un jour avant son 19e anniversaire.
Fils unique de M. et Mme Adolphe et Simone Merkle, il représentait tout pour eux et il le savait bien. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas fait pour être à la hauteur des espoirs de son papa. Qu'est-ce qu'il était fier de nous présenter sa maman qui l'attendait parfois après les cours, à nous, jeunes collégiens de 6e année.
Il en avait de la chance : des parents qui l'adorait, une charmante petite amie, une super voiture, des facilités en allemand et en anglais, une gaieté que tout le monde lui enviait, une aisance dans tout ce qu'il faisait (parfois un peu moins en math et en physique), ? bref, tout ce dont chaque collégien que nous étions rêvait.
Ce n'est pas pour rien qu'en décembre 1977, à l'unanimité, nous l'avions choisi pour être le St-Nicolas de l'année. Rôle qu'il fit à merveille avec toute la prestance et la dignité que ce rôle demandait. Chaque année qui suivit, avec ses parents, nous nous retrouvions pour nous remémorer ces instants extraordinaires. Quel souvenir ! aujourd'hui encore, nous ne manquerions pour rien au monde cette magnifique fête, pour le revoir passer sur son âne, caché sous sa mytre et sa grande barbe blanche.
Ce n'est pas un portrait mais plutôt un hommage pour cet ami qui nous a trop vite quitté. C'est notre souvenir qui a déjà plus de 30 ans mais qui est encore bien présent. C'est une histoire qui nous a tous profondément changé.
Il y a l'« avant » et il y a l'« après ». Pour nous, l' « avant » est relativement bref. Nous ne le connaissions pas depuis très longtemps. Il est arrivé au Collège St-Michel en 1976, pour sa 5e année. Nous savions qu'il habitait Greng, au bord du lac de Morat, qu'il avait grandi et fait ses classes là-bas, qu'il avait eu l'occasion de passer à UCLA cette prestigieuse université américaine. Qu'il était parti un mois en Angleterre l'année précédente pour « parfaire » son anglais, et qu'il était là, derrière son pupitre, assis à nos côtés, sérieux et appliqué. Il était d'une grande générosité, d'une amitié toujours fidèle et surtout ? toujours souriant.
L' « après », c'était une place vide, dans la classe et dans nos coeurs. C'était un drame qu'on n'osait pas imaginer pour ses parents. Ces drames indescriptibles sont toujours des moments de bouleversement, de rapprochement, d'émotions, et de sincérité extrême. La présence de ses parents nous aidait à le retrouver et nous sentions que pour eux, notre présence c'était aussi un peu pareil.
Il fallait que la vie continue. Les semaines, les mois et les années suivantes, les instants passés avec M. et Mme Merkle ont été très nombreux. L'amour qu'ils avaient encore pour Vincent, nous en avons reçu beaucoup. Ils voulaient que notre avenir soit parfait. Ils voulaient tout savoir et tout nous apprendre, à nous qui n'avions pas 20 ans!
Nous avons partagé de nombreux repas avec eux dans les meilleurs restaurants où jamais nous aurions pensé aller un jour. Nous avons même passé quelques jours de vacances dans leur magnifique chalet de Villars-sur-Ollon.
Pour Monsieur Merkle, notre avenir professionnel comptait par dessus tout. Il voulait connaître nos idées, nos souhaits. Il n'hésitait pas à nous critiquer et bien sûr nous conseiller et même nous offrir la possibilité d'accéder aux meilleures écoles.
Ces leçons de vie c'est Vincent qui aurait dû les recevoir. Nous en étions bien conscient et pour nous, c'était sa manière de rester vivant avec nous durant toutes ces années d'« après » .
Son papa s'est éteint le 22 février 2012, à l'âge de 88 ans après avoir fait énormément pour la formation des jeunes et le développement de la nanotechnologie, science dans laquelle il voyait un avenir important.
Aujourd'hui, son papa et sa maman ont souhaité faire revivre Vincent au travers de la fondation « Vincent Merkle ».
C'est une joie d'apprendre que son nom sera associé à cette fondation qui va permettre à certains jeunes d'accéder à cette formation qu'il n'a malheureusement pas eu le temps de recevoir. Et c'est aussi un honneur immense que Madame Merkle nous fait en nous confiant la tâche de préparer un texte sur Vincent, preuve de la confiance et de l'amitié profonde qui nous unit autour de lui. Il n'y a pas de plus beau cadeau pour nous que de pouvoir retracer par ces quelques mots, à travers nos souvenirs, sa vie d'avant et celle d'après avec ses parents, en espérant que l'on n'oublie jamais cette belle et lumineuse personnalité.
Ses amis du Collège St-Michel